Rythmes scolaires à l’école publique de La Côte-Saint-André
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter les trois documents suivants :
- Pour un débat apaisé sur les rythmes éducatifs (un document conçu par l’ANDEV pour aider à l’échange et à la décision dans les conseils d’écoles, les conseils municipaux et avec les acteurs éducatifs concernés, dont les parents)
- Note aux maires et adjoints en charge de l’éducation relative aux effets de l’organisation du temps scolaire sur les apprentissages et la réussite scolaire (Centre de Gestion 38)
- L’impact sur les personnels territoriaux et l’organisation des services de la mise en place de la réforme des rythmes scolaires (Conseil supérieur de la fonction publique territoriale)
Depuis le décret du 29 juin 2017 sur l’organisation de la semaine scolaire, les communes ont la possibilité de demander une dérogation afin de modifier leurs rythmes scolaires et sortir du cadre légal, à savoir 4 journées et demi d’école par semaine pour tous les enfants de maternelles et de primaire. Le 7 décembre dernier, le conseil municipal s’est prononcé pour demander une dérogation auprès des autorités académiques, afin de réduire la semaine scolaire à quatre jours au sein des écoles publiques de La Côte-Saint-André. Le 19 décembre, et en dernier ressort, le conseil d’école a également entériné cette décision.
Élus responsables, parents de jeunes enfants pour certains d’entre nous, professionnels de l’éducation pour d’autres, nous nous sommes opposés à ces décisions qui vont, selon nous, à l’encontre du bien-être et des apprentissages des enfants.
Sur le plan national, l’absence de débat de fond, tant sur les besoins des enfants que sur les effets des différents rythmes ou encore sur les contraintes d’organisation des communes, mène aujourd’hui à une hétérogénéité des situations sur le territoire français. Ceci est pour le moins surprenant pour une politique d’état avec des enjeux nationaux. Nous pensons ainsi que donner aux communes la responsabilité d’une telle décision ne peut en aucun cas servir l’intérêt supérieur des enfants.
Sur un plan local, la démarche qui a abouti à cette décision s’est déroulée sous pression et sans réel débat ni volonté d’information. En effet, dès la commission scolaire du 9 octobre, l’adjoint en charge du dossier trouvait le délai de fin décembre trop court pour informer, concerter et finalement décider. Pour autant, une concertation était lancée auprès des parents mi-novembre, pour une durée de 15 jours seulement. En sachant que, finalement, la décision pouvait en cas de dérogation attendre début février. La précipitation n’était donc pas de mise et le temps du débat aurait pu et dû avoir lieu.
Les représentants des parents d’élèves élus ont tenté d’organiser un débat avec des personnalités extérieures et expertes en matière de rythmes scolaires. Le refus de modification du calendrier des décisions par la municipalité a rendu cette information inaudible. Au-delà d’une concertation très fermée (aucune question ouverte permettant l’expression des parents, questionnaires récupérés par la municipalité rapidement avant que le débat ait pu être organisé) nous sommes très surpris que la seule question qui vaille dans ce dossier n’ait jamais été abordée par la municipalité tout au long du processus : « Quel rythme scolaire permet une qualité des apprentissages et offre les meilleures conditions de leur réussite des enfants de maternelle et de primaire ? »
Notre position n’a pas varié depuis que nous avions eu l’obligation de passer à 4,5 jours et nous l’avons exprimé lors du conseil municipal du 7 décembre. Nous soutenons le principe de la réforme initiale et cela pour de nombreuses raisons :
- Elle permet de lutter contre la concentration du temps d’enseignement et donc, elle favorise la réussite de tous ;
- Elle permet de respecter les rythmes d’apprentissage des enfants. Tous les experts recommandent une journée moins longue ;
- Avec des programmes bâtis sur un volume annuel d’enseignement de 864 heures et une année scolaire de 162 jours, l’arithmétique est sans appel :
* La durée quotidienne passe de 5 heures 20 minutes pour 4,5 jours par semaine à 6 heures pour une semaine de 4 jours d’école ;
* La moyenne européenne est de 776 h annuelle pour 183 jours travaillés, la durée quotidienne s’établit à 4,5 heures ;
* Force est de constater que ce retour en arrière va densifier les journées et donc fragiliser les élèves le plus en difficulté. - Elle permet aussi, par le biais d’activités diversifiées durant les Nouvelles Activités Périscolaires (NAP), de développer des compétences transversales d’ordre cognitif, social et socio-affectif. Ces activités participent à l’épanouissement physique et psychique des élèves, en améliorant les comportements, l’écoute, l’attention et donc les apprentissages.
- Elle permet aux enfants de dormir plus et surtout plus régulièrement, donc la fatigue plus grande due à la semaine de 4,5 jours est subjective. Sur ce point, il faudrait peut-être s’interroger sur d’autres sources de fatigue : la multiplicité des activités extra-scolaires, l’usage excessifs des écrans notamment, les horaires de coucher des enfants.
- Elle permet aussi d’accueillir à l’école les enfants ayant des difficultés durant les activités pédagogiques complémentaires (APC) et qui souvent prennent le car. Malheureusement cela ne sera plus guère possible, les APC se trouveront nécessairement après le départ du car.
- Elle permet enfin d’étaler les départs de l’école qui seront à nouveau presque tous concentrés à 16 h 30.
Nous ne comprenons pas ce qui a justifié cette demande de dérogation à La Côte Saint André :
- Est-ce un problème d’organisation ? Le rythme actuel fonctionne plutôt bien et, de plus, les parents sont globalement satisfaits.
- Est-ce un problème financier ? Le fonds de soutien de l’État sera prolongé jusqu’en 2022 et la municipalité reconnaît que le coût de la semaine de 4 jours ou 4,5 jours sera quasiment le même.
- Parce que 2/3 des parents répondent oui à votre question ? Oui c’est effectivement un argument mais faut-il s’arrêter à ces chiffres ?
Les parents d’élèves, les élus côtois n’ont pas à trancher une situation aussi complexe ; celle-ci nécessite expertise et connaissances approfondies. En attendant le rapport ministériel prévu fin d’année scolaire 2018, il aurait été sage d’attendre plutôt que de prendre des décisions difficilement révocables. Les rythmes des enfants, des personnels, ne va pas changer tous les quatre matins !
Aujourd’hui, la municipalité se réfugie derrière le vote des parents et n’assume qu’à demi-mot sa volonté d’un retour de la semaine à 4 jours d’école. Pourquoi ? Il y a un paradoxe à vouloir suivre l’avis des parents et ne pas entendre l’avis de différents professionnels qui sont nombreux à préciser que la semaine de 4 jours est le pire système.
Lorsqu’on est élu, il est normal de ne pas tout savoir, ni d’avoir un avis éclairé sur tout. Cependant être élu, donne l’obligation de se forger une opinion en se renseignant, en s’appuyant sur l’avis des experts et en ayant comme objectif le meilleur, dans le cas présent, pour nos enfants. Ne pas avoir permis de le faire est une faute.
La dérogation accordée, le retour en arrière ne sera plus possible. Il y avait ici une occasion de jouer la carte de la qualité dans notre commune et d’assurer de bonnes conditions d’apprentissage pour les enfants. Une belle occasion manquée pour une ville qui se prétend « en rythme et en harmonie« …